Les aciers de récupération pour débuter en forge de couteaux

La forge de couteaux est un art fascinant qui attire de plus en plus de passionnés. Si vous débutez dans cette discipline, la recherche de matériaux de qualité à prix abordable peut représenter un défi. Heureusement, une solution existe : l’acier de récupération. En récupérant de vieux outils, des pièces de machines ou même des éléments de véhicules, vous pouvez obtenir des aciers suffisamment performants pour créer des lames durables et tranchantes. Cet article vous guide à travers les différentes sources d’acier de récupération, vous explique comment tester et identifier ces matériaux, et vous donne des conseils pour les travailler efficacement.

1- Comprendre les propriétés et particularités des aciers carbone

L’acier carbone, souvent choisi pour la fabrication de couteaux, contient principalement du fer et du carbone. Selon la quantité de carbone, cet acier se divise en différentes classes. De l’acier à faible teneur en carbone (moins de 0,3%) et de l’acier à haute teneur en carbone (plus de 0,8%). Cette différence de teneur en carbone influence directement les propriétés de l’acier, comme sa dureté, sa résistance et son aptitude à la trempe. Pour un forgeron débutant en coutellerie, il est crucial de bien comprendre ces propriétés afin de choisir l’acier de récupération adapté à son projet.

1.1- La teneur en carbone : impact sur les propriétés mécaniques

La teneur en carbone dans un acier joue un rôle déterminant dans la dureté de l’outil une fois trempé. En effet, plus le taux de carbone est élevé, plus l’acier aura la capacité de devenir dur après trempe. Mais cela affecte également sa résistance à la rupture et son travail à chaud.

Acier à faible teneur en carbone

(0,05 % à 0,3 %) : Ce type d’acier est plus facile à travailler, mais il ne peut pas atteindre des niveaux de dureté élevés après trempe. Il est donc moins adapté pour les couteaux à haute performance. Cependant il peut servir pour des outils de coupe basiques ou des couteaux d’usage quotidien. Il possède une bonne résistance à la corrosion et est relativement malléable. C’est le cas des aciers de type fer à béton. Ces aciers très bon marché permettent de s’entraîner aux techniques de forge et sont recommandés pour les débutant.

Acier à teneur moyenne en carbone

(0,3 % à 0,6 %) : C’est le type d’acier qui offre un bon compromis entre durabilité et facilité de travail. Il peut être utilisé pour des couteaux de qualité convenable. Avec une trempe bien réalisée, il peut atteindre une dureté satisfaisante tout en restant suffisamment flexible pour éviter les cassures. De nombreux couteaux de cuisine, de chasse et de camping utilisent ce type d’acier. Ces aciers sont assez facile à forger et admettent les erreurs de débutants notamment sur la gestion des températures.

Acier à haute teneur en carbone

(0,6 % à 1,2 %) : L’acier à haute teneur en carbone est particulièrement apprécié pour la fabrication de couteaux. Une fois trempé, il peut atteindre une dureté exceptionnelle, ce qui lui confère une excellente capacité à couper et une résistance accrue à l’usure. Cependant, plus l’acier contient de carbone, plus il devient cassant. Ainsi cela nécessite un revenu précis après trempe pour conserver une certaine flexibilité sans sacrifier la dureté. Ce type d’acier est couramment utilisé pour des couteaux professionnels et des lames de haute performance.

1.2- La structure cristalline : ferrite, perlite et martensite

L’un des éléments clés qui détermine la qualité de coupe et la durabilité d’un couteau est la structure cristalline de l’acier après la trempe. Les aciers à carbone, une fois chauffés à des températures élevées puis refroidis rapidement, forment une structure martensitique qui est très dure et résistante.

• Ferrite : C’est une forme douce et ductile du fer, qui se trouve dans les aciers à faible teneur en carbone. Elle n’offre pas une grande résistance mécanique, mais contribue à la malléabilité de l’acier.
• Perlite : Un mélange de ferrite et de cémentite, qui se forme lors d’un refroidissement lent des aciers à teneur moyenne en carbone. Cette structure confère un bon équilibre entre dureté et ténacité.
• Martensite : C’est la structure cristalline formée lorsque l’acier à haute teneur en carbone est refroidi très rapidement (trempé). Cette structure est très dure mais fragile, ce qui justifie la nécessité d’un traitement thermique de revenu pour réduire sa fragilité tout en maintenant une dureté élevée.

Note : Certaines méthodes permettend d’obtenir ces 3 formes cristaline dans un même acier (lire notre article sur la trempe sélective).

1.3- Les températures de traitement thermique

Les températures de traitement thermique d’un acier, et en particulier celles de la trempe et du revenu, sont essentielles pour obtenir les propriétés désirées. Chaque nuance d’acier nécessite une plage de température spécifique pour ces traitements.

• Température de trempe : La trempe est le processus consistant à chauffer l’acier à une température précise (généralement entre 800°C et 900°C pour les aciers à haute teneur en carbone) et à le plonger rapidement dans un fluide de refroidissement (comme l’huile ou l’eau). Cela transforme la structure de l’acier, le rendant plus dur. Si l’acier est trop chauffé ou trop refroidi, la structure peut devenir trop fragile ou inadaptée à une bonne coupe.
• Température de revenu : Après la trempe, l’acier devient très dur mais aussi fragile. Le processus de revenu consiste à réchauffer l’acier à une température plus basse (environ 150°C à 200°C) pour détendre la structure cristalline et ainsi réduire sa fragilité tout en maintenant une grande dureté. La température de revenu doit être soigneusement choisie en fonction de la dureté désirée.

1.4- La résistance à l’usure et à la corrosion

L’acier carbone a une excellente résistance à l’usure. Cette propriété est essentielle pour conserver longtemps son tranchant. Cependant, cette résistance à l’usure peut être influencée par des éléments comme le traitement thermique et la composition chimique de l’acier. À titre d’exemple, un acier enrichi en alliages comme le chrome ou le vanadium présente une meilleure résistance à la corrosion et à l’usure.

Par contre, les aciers au carbone pur sont sujets à la rouille et à la corrosion si ils ne sont pas correctement entretenus. Cela signifie qu’ils nécessitent un entretien régulier, comme l’application d’huile ou de graisse, surtout dans des conditions humides.

1.5- Les aciers carbone pour débuter la forge

Comprendre les propriétés des aciers carbone est essentiel pour tout forgeron débutant. Les aciers à faible et moyenne teneur en carbone sont plus faciles à travailler, tandis que les aciers à haute teneur en carbone offrent des performances supérieures mais demandent un traitement thermique plus précis. Choisir un acier de récupération adapté à la forge de couteaux nécessite non seulement une compréhension des nuances d’acier, mais aussi une bonne maîtrise des techniques de traitement thermique.

2- Vérifier qu’un acier est trempable : test des éprouvettes (tremper et casser), test des étincelles

Lorsque vous débutez en forge de couteaux avec des aciers de récupération, l’une des étapes essentielles est de vérifier que l’acier que vous avez récupéré est bien trempable. En effet, tous les aciers ne se prêtent pas à la trempe, et il est crucial de s’assurer que l’acier choisi peut atteindre la dureté nécessaire pour obtenir une lame fonctionnelle. Voici les méthodes simples et efficaces pour tester la trempabilité de vos matériaux récupérés : le test de l’éprouvette (tremper et casser) et le test des étincelles.

2.1- Le test des éprouvettes (tremper et casser)

L’un des moyens les plus simples et les plus efficaces de tester si un acier est trempable est de réaliser un test de trempe. Cette méthode vous permettra de déterminer si l’acier, une fois chauffé à la bonne température, peut durcir correctement.

Procédure du test :

1. Couper une petite section de l’acier que vous souhaitez tester. Il est conseillé de travailler avec un morceau d’environ 5 à 10 cm de long et 1 cm de large. L’objectif ici est de ne pas gaspiller trop de matière en cas de résultat négatif.
2. Chauffer l’acier à la température de trempe. Utilisez un forge ou un chalumeau pour chauffer l’acier à environ 800-900°C, en fonction de la nuance d’acier. L’acier doit atteindre une couleur rouge vif (température idéale). Soyez attentif à la chaleur, car un acier trop chaud risque de devenir fragile, tandis qu’un acier trop froid ne subira pas une transformation structurelle suffisante.
3. Tremper l’acier. Une fois que l’acier a atteint la température désirée, plongez-le immédiatement dans un bain de trempe (huile, eau, ou solution de sel fondue selon la nuance d’acier et la température de trempe). L’huile est généralement recommandée pour les aciers de récupération, car elle permet un refroidissement plus uniforme et plus contrôlé qu’un bain d’eau.
4. Casser l’éprouvette. Après avoir trempé l’acier, laissez-le refroidir à température ambiante et vérifiez sa solidité. Placez la pièce dans un étau bien serré et laissez suffisamment de place pour frapper au marteau ou la tenir dans une pince et essayez de casser l’éprouvette en appliquant une pression ou en frappant (protégez vous des éclats de métal). Si l’acier se brise net, cela signifie qu’il est trempé et qu’il est potentiellement d’un acier à haute teneur en carbone ou bien qu’il présente une bonne capacité de durcissement.

Interprétation des résultats :

• Si l’éprouvette se casse facilement ou se brise en morceaux, l’acier est bien trempé. Cela signifie que l’acier est probablement un acier à haute teneur en carbone, et qu’il peut être utilisé pour fabriquer des couteaux ou autres outils coupants de qualité.
• Si l’acier reste relativement souple ou se déforme sans se briser, cela peut indiquer qu’il ne s’agit pas d’un acier trempant, ou bien qu’il a une teneur en carbone trop faible. Dans ce cas, l’acier ne sera pas adapté pour des couteaux nécessitant une dureté élevée et un bon tranchant.

2.2- Le test des étincelles

Le test des étincelles est une méthode rapide et simple pour identifier le type d’acier et déterminer s’il est trempable. En effet, chaque type d’acier produit des étincelles distinctes lorsqu’il est mis en contact avec une meule ou une meuleuse. Ces étincelles peuvent fournir des indices précieux sur la teneur en carbone et la composition chimique de l’acier.

Procédure du test des étincelles :

1. Préparer une meuleuse ou une meule à main : Vous devez disposer d’une meuleuse angulaire ou d’une meule à main pour gratter le métal. Assurez-vous que la meule est en bon état et propre.
2. Faire tourner l’acier contre la meule : Prenez un petit échantillon de l’acier que vous souhaitez tester et faites-le frotter contre la meule. L’acier devra être légèrement incliné afin d’obtenir une bonne friction.
3. Observer les étincelles produites : Lorsque l’acier entre en contact avec la meule, il produira des étincelles. L’intensité, la forme et la couleur des étincelles varient en fonction de la teneur en carbone de l’acier et des autres alliages qu’il contient.
   • Aciers à faible teneur en carbone : Les étincelles sont généralement courtes, peu brillantes et peu nombreuses. Elles s’éteignent rapidement.
   • Aciers à teneur moyenne en carbone : Les étincelles sont plus longues, plus brillantes et plus nombreuses. Elles peuvent se former en petites branches de lumière.
   • Aciers à haute teneur en carbone : Les étincelles sont longues, très brillantes, et peuvent se disperser en petites éclats (un peu comme un feu d’artifice). Elles sont souvent accompagnées de petites « boules » lumineuses qui montrent une teneur plus élevée en carbone et peuvent indiquer que l’acier est trempant.

Interprétation des résultats :

• Si les étincelles sont longues et nombreuses, il est probable que l’acier ait une teneur élevée en carbone et qu’il soit trempant. Vous pouvez envisager de l’utiliser pour fabriquer des couteaux ou d’autres outils nécessitant une bonne dureté.
• Si les étincelles sont courtes et peu brillantes, cela peut indiquer que l’acier a une faible teneur en carbone et qu’il ne sera pas adapté pour des couteaux à haute performance.

2.3- Limites et précautions

Bien que ces tests puissent fournir une bonne indication de la qualité et des propriétés de l’acier, il est important de noter que ces méthodes ne sont pas infaillibles et ne garantissent pas une évaluation complète. Le test des étincelles, par exemple, peut ne pas être précis si l’acier contient des éléments d’alliage qui perturbent les étincelles. De plus, la trempe ne permet pas de savoir si l’acier peut supporter un traitement thermique complexe ou s’il résistera bien à l’usure. Pour une analyse plus poussée, vous pouvez recourir à des tests de dureté comme le test de Rockwell.

2.4- Conclusion

Vérifier la trempabilité d’un acier de récupération est une étape clé dans le processus de forgeage de couteaux. Les tests des éprouvettes et des étincelles sont des méthodes simples et efficaces pour déterminer si l’acier récupéré peut être utilisé pour réaliser une lame de qualité. Ces tests permettent de s’assurer que l’acier choisi est adapté à la trempe et à l’obtention de propriétés mécaniques nécessaires à la fabrication d’un couteau solide, tranchant et durable. Une fois ces tests effectués et validés, vous serez prêt à passer à l’étape suivante de la fabrication de votre couteau, avec une meilleure confiance dans le matériau que vous travaillez.

3- Les sources courantes d’acier de récupération : vieilles limes, ressorts, outils de jardinage et autres

L’acier de récupération est une ressource précieuse pour les forgerons débutants. Non seulement il est souvent plus accessible et moins coûteux que l’acier neuf, mais il peut aussi offrir des propriétés intéressantes pour la fabrication de couteaux. Dans ce point, nous allons explorer plusieurs sources d’acier de récupération courantes : les vieilles limes, les ressorts de suspension, les outils de jardinage, les lames de tondeuse, les lames de scie, ainsi que d’autres éléments récupérés dans des pièces de voiture ou d’autres outils industriels. Pour chaque source, nous analyserons les nuances d’acier fréquemment rencontrées et leurs caractéristiques techniques, comme la température de trempe, de revenu et leur comportement général.

3.1- Les vieilles limes

Les limes usagées, souvent considérées comme des objets de récupération faciles à trouver, constituent une source idéale d’acier pour un débutant. Les limes ont des propriétés mécaniques intéressantes, car elles sont conçues pour être dures et résistantes à l’usure.

Nuances d’acier courantes : Les limes sont généralement fabriquées en acier à haute teneur en carbone, souvent dans des nuances comme C70, C75 ou parfois C90, qui peuvent contenir jusqu’à 1% de carbone. Cela signifie qu’elles peuvent être durcies efficacement à l’aide d’un traitement thermique approprié.

• Propriétés : Grâce à leur teneur élevée en carbone, elles sont très dures et peuvent être trempées pour obtenir une dureté élevée, ce qui les rend adaptées à la fabrication de lames de couteaux, même pour des modèles à coupe fine.
• Température de trempe : La température idéale de trempe pour les limes se situe généralement autour de 800°C à 850°C, avec un bain de trempe à l’huile.
• Température de revenu : Un revenu à 200-250°C est souvent recommandé pour obtenir une bonne combinaison de dureté et de résistance à la rupture sans rendre l’acier trop fragile.

Les limes sont donc une excellente ressource pour les forgerons débutants, offrant une bonne qualité d’acier avec peu de préparation préalable. Cependant, l’acier des limes peut parfois être fragile, ce qui nécessite une attention particulière au revenu.

3.2- Les ressorts de suspension (en lame ou en spirale)

Les ressorts de suspension, particulièrement ceux provenant de voitures anciennes, sont une source populaire d’acier de récupération pour les couteaux. Ce type d’acier est généralement très résistant et robuste, étant conçu pour résister à des charges lourdes et à des contraintes mécaniques importantes.

Nuances d’acier courantes : Les ressorts sont souvent fabriqués à partir d’aciers alliés comme le 51CrV4 ou le 65Mn. Ces aciers contiennent des éléments comme le chrome, le manganèse ou le vanadium, qui améliorent leur résistance et leur capacité à conserver leur forme sous pression.

• Propriétés : Le principal avantage des ressorts est leur résistance à la fatigue et à la rupture, en plus d’une grande capacité à conserver leur forme après flexion. Cependant, ils peuvent être difficiles à travailler, car ces alliages sont souvent traités thermiquement pour atteindre une certaine élasticité.
• Température de trempe : Pour ces ressorts, la température de trempe se situe souvent entre 850°C et 900°C, avec un bain de trempe à l’huile.
• Température de revenu : En raison de leur teneur en éléments d’alliage, le revenu se fait souvent entre 200°C et 300°C, pour conserver l’élasticité tout en augmentant la dureté de l’acier.

Les ressorts sont donc une excellente source d’acier pour des couteaux solides et durables, mais ils nécessitent une approche plus technique lors du traitement thermique.

Couteau forgé a partir d’un dent de bêche. Photo réalisée lors de la normalisation.

3.3- Les vieux outils de jardinage (bêches, houes, etc.)

Les outils de jardinage usagés, les bêches, les fourches et les pelles, sont une autre source de récupération d’acier. Ces outils ont souvent été conçus en acier à moyenne teneur en carbone, ce qui les rend suffisamment durables tout en restant faciles à travailler pour un forgeron amateur.

Nuances d’acier courantes : Les outils de jardinage sont généralement fabriqués à partir d’aciers comme le C45 ou le C60, des aciers à teneur modérée en carbone qui sont faciles à affûter.

• Propriétés : L’acier des outils de jardinage est souvent assez souple et flexible, ce qui le rend résistant aux chocs. Cependant, pour des couteaux, il sera nécessaire de le tremper correctement pour augmenter sa dureté.
• Température de trempe : La température de trempe pour ces types d’acier se situe généralement autour de 750°C à 850°C, avec un bain de trempe à l’huile.
• Température de revenu : Le revenu se fait souvent entre 200°C et 250°C, pour équilibrer dureté et flexibilité.

Ces outils sont souvent faciles à trouver dans des brocantes ou des déchetteries, et constituent une source de récupération intéressante pour des projets simples de forge de couteaux.

3.4- Les lames de tondeuse

Les lames de tondeuse sont une autre source d’acier récupéré très populaire. Elles sont souvent fabriquées à partir d’acier au carbone ou d’aciers alliés avec du chrome, du molybdène ou du vanadium. Ce type d’acier est conçu pour être résistant à l’usure et aux chocs, ce qui en fait un bon choix pour les couteaux.

Nuances d’acier courantes : L’acier des lames de tondeuse est fréquemment du C60, C75, ou encore des aciers alliés comme le AISI 1075 ou AISI 1080, qui offrent un bon compromis entre dureté et résistance à l’usure.

• Propriétés : Ces lames sont très résistantes à l’usure, ce qui les rend idéales pour fabriquer des couteaux de cuisine, de chasse ou des outils de coupe. Elles sont cependant souvent recouvertes d’un revêtement de protection (peinture, etc.), qu’il faudra enlever avant de procéder à la forge.
• Température de trempe : La température de trempe pour ces aciers se situe entre 800°C et 850°C, avec un bain de trempe à l’huile.
• Température de revenu : Le revenu doit être effectué autour de 200°C à 250°C, pour maintenir la résistance à la rupture tout en obtenant une dureté suffisante pour une bonne coupe.

3.5- Les lames de scie

Les lames de scie sont souvent fabriquées à partir d’aciers à haute teneur en carbone, ce qui les rend particulièrement adaptées à la fabrication de couteaux de qualité. Elles sont souvent récupérées dans les déchetteries ou auprès de professionnels.

Nuances d’acier courantes : Ces lames sont souvent en HCS (High Carbon Steel) ou en AISI 1095. Ces aciers ont une teneur en carbone allant de 0,9% à 1,1% avec une excellente capacité de coupe.

• Propriétés : Leur haute teneur en carbone permet de les tremper efficacement, ce qui leur donne une grande dureté. Elles sont donc parfaites pour des couteaux tranchants et durables.
• Température de trempe : La température de trempe se situe autour de 850°C à 900°C, avec un bain de trempe à l’huile.
• Température de revenu : Le revenu se fait autour de 200°C à 250°C, pour obtenir un équilibre entre dureté et résistance.

3.6- Les cages de roulement à billes et les billes

Les cages de roulement à billes sont des sources particulièrement intéressantes d’acier pour la forge de couteaux. Elles sont généralement fabriquées à partir d’aciers hautement alliés, spécialement conçus pour résister à l’usure. Ces matériaux sont récupérable sur des machines, des moteurs ou des véhicules.

Nuances d’acier courantes :

Les cages de roulement et les billes de roulement sont généralement en acier chromé de haute qualité. Ils sont souvent classifié sous des désignations comme AISI 52100 ou 100Cr6. Ce sont des nuances d’acier au chrome qui offrent une longue durée de vie sous contraintes mécaniques.

• AISI 52100 : C’est l’un des aciers les plus utilisés pour les roulements à billes. Il contient environ 1% de carbone et 1,5% de chrome, ce qui lui confère une dureté et une résistance exceptionnelles. Une fois trempé, il peut atteindre une dureté de 60-62 HRC, ce qui en fait un excellent choix pour les couteaux nécessitant un tranchant exceptionnel.

Propriétés :

• Haute résistance à l’usure : L’acier des roulements à billes est conçu pour supporter des charges lourdes et des frottements répétés. Il est donc extrêmement durable une fois forgé et peut constituer une base idéale pour une lame.
• Haut potentiel de dureté : Après trempe, cet acier atteint des niveaux de dureté très élevés, souvent autour de 60-62 HRC. Cette dureté est adaptée à des couteaux de coupe fine ou des couteaux de cuisine tranchants.

Température de trempe :

Les roulements à billes en AISI 52100 ou en 100Cr6 nécessitent une température de trempe assez précise, généralement autour de 850°C à 880°C. Il est important de bien contrôler la température de la forge pour obtenir un durcissement optimal. Vous devrez éviter de trop chauffer l’acier, car cela pourrait entraîner une perte de dureté et une fragilité excessive.

Température de revenu :

Après trempe, l’acier des roulements à billes doit être revenu pour réduire la fragilité et améliorer la résistance à la rupture. Le revenu doit être effectué entre 150°C et 200°C, ce qui permet d’obtenir un bon équilibre entre dureté et flexibilité. Ce traitement thermique est essentiel pour préserver les propriétés mécaniques de l’acier tout en maintenant une certaine souplesse dans la lame.

Difficultés et avantages :

L’acier des roulements à billes est relativement dur à travailler en raison de sa teneur élevée en carbone et de ses alliages. Il peut être plus difficile à affûter que d’autres aciers moins alliés, mais une fois correctement traité, il offre une dureté et une résistance à l’usure exceptionnelles. C’est un excellent choix pour des couteaux à haute performance ou des outils de coupe professionnels.

3.7- Burins, pieds-de-biche, et autres outils métalliques

Les burins, pieds-de-biche, pinces, et autres outils sont remarquablement efficaces pour récupérer de l’acier de qualité. Ces outils ont été conçus pour résister à des efforts mécaniques importants. Ainsi ce sont des candidats idéaux pour la forge de couteaux résistants et durables.

Nuances d’acier courantes :

Les burins et pieds-de-biche sont généralement fabriqués en acier au carbone ou en acier allié. Parfois sont alliés au chromium, molybdène, ou vanadium pour améliorer leur résistance et leur dureté. Les aciers les plus utilisés pour ces outils sont souvent des aciers au carbone de haute qualité, comme le C45 (un acier au carbone moyennement allié) ou des nuances d’acier forgé spécialement conçues pour les outils de frappe.

• Acier carbone (C45, 1045) : Aciers outil par excellence, peut être durci tout en restant résistant aux chocs. Ce type d’acier est idéal pour les pièces à haute contrainte mécanique, telles que les pieds-de-biche.
• Aciers alliés : Certains outils plus modernes, comme les pieds-de-biche de qualité professionnelle, peuvent être fabriqués avec des alliages d’acier. Ils contiennent du chromium et du molybdène, ce qui leur confère une résistance à l’usure supérieure et une dureté accrue.

Propriétés de l’acier des burins et pieds-de-biche :

• Haute résistance à la traction : Ces outils sont conçus pour résister à de fortes contraintes mécaniques. Leur acier a une grande capacité à supporter la déformation sans rupture.
• Dureté élevée : Après trempe, l’acier utilisé dans les burins et pieds-de-biche peut atteindre des duretés impressionnantes, allant de 55 à 60 HRC. Idéal pour produire des lames de couteau tranchantes et résistantes.
• Bonne résistance à l’usure : Grâce à leur composition alliée, ces outils peuvent être très résistants à l’abrasion.

Températures de trempe et de revenu :

Comme pour la plupart des aciers au carbone, la température de trempe de ces outils est généralement située autour de 800°C à 850°C. La trempe rapide dans l’eau ou l’huile permet d’obtenir une dureté élevée tout en conservant une résistance à la rupture.

• Température de trempe : 800°C à 850°C
• Température de revenu : Pour éviter que l’acier ne devienne trop cassant après la trempe, un revenu doit être effectué. Celui-ci est réalisé à une température plus basse, autour de 150°C à 200°C. Cela permet de rendre l’acier plus ductile et d’éviter une fragilité excessive.

3.8- Autres sources d’acier de récupération

En plus des sources mentionnées ci-dessus, il existe d’autres matériaux à récupérer :

• Pièces de voitures : Les pièces de suspension, les barres stabilisatrices, ou les volants moteur. Ils sont souvent faits de 35CrMo ou 41Cr4, des aciers alliés au chrome-molybdène. Ces matériaux sont idéaux pour des couteaux ou des outils nécessitant une grande résistance à la fatigue.
• Outils industriels : Les vieux outils comme les marteaux, les clés à molette peuvent contenir des aciers de qualité. Eux aussi sont souvent alliés au chrome, vanadium ou molybdène.*

4- Où s’approvisionner en aciers de récupération ?

Lorsque vous débutez en forge de couteaux, l’approvisionnement en acier de récupération est l’une des étapes les plus cruciales. Non seulement pour des raisons économiques, mais aussi pour la diversité des matériaux disponibles. Heureusement, il existe plusieurs sources accessibles et parfois insoupçonnées où vous pouvez trouver de l’acier de qualité.

4.1- Leboncoin et les plateformes de petites annonces

Leboncoin est l’un des sites les plus populaires en France pour acheter des aciers de récupération. De nombreux particuliers se débarrassent outils usagés, des pièces, d’acier qui peuvent servir à la forge.

Avantages :

• Vous pouvez trouver une large variété d’aciers. Des outils de jardinage, des ressorts, des lames de scie, etc.
• Les prix sont souvent compétitifs, surtout si vous êtes à la recherche d’objets usagés ou de matériaux gratuits.

Comment s’y prendre :

• Recherche ciblée : Utilisez des mots-clés précis comme « limes », « ressorts », « outils », « lames de tondeuse », « moteurs usagés », ou encore « ferraille ». Les termes « acier de récupération » ou « acier à tremper » peuvent aussi être utiles.
• Alertes : Mettez en place des alertes pour être informé dès qu’une annonce correspond à vos critères.

Exemple de recherche :

• « Vieux outils » pour les limes, les haches, ou autres objets en acier.
• « Ressorts de voiture » ou « pièces de suspension » pour récupérer des ressorts de suspension.

Inconvénients :

• Vous devrez parfois être patient pour trouver des matériaux de qualité, car tout dépend des annonces disponibles.
• Les déplacements peuvent être nécessaires, cherchez près de chez vous.

4.2- Les casses automobiles

Les casses automobiles sont des trésors d’acier de récupération. Des suspensions, des moteurs et des transmissions, sont faits d’aciers alliés qui peuvent être parfaits pour la forge de couteaux. Ainsi vous trouverez des ressorts, des barres stabilisatrices, des roulements, des arbres de transmission, etc.

Avantages :

• Les casses automobiles offrent des matériaux très résistants, souvent en acier au chrome-molybdène ou en acier haute résistance.
• Vous pouvez y trouver des roulements à billes, des ressorts, etc. parfaits pour la fabrication de couteaux.

Comment s’y prendre :

• Visiter la casse : Contactez-les pour savoir si elles ont des pièces à donner ou à vendre. Demandez spécifiquement des ressorts, des cages de roulements ou des barres stabilisatrices.
• Recherche spécifique : Il est aussi possible de rechercher des pièces détachées en ligne, mais pour un prix souvent plus élevé.

Inconvénients :

• Certaines casses peuvent ne pas vendre des matériaux en petites quantités. Préparez-vous à acheter des pièces entières.
• Les matériaux récupérés peuvent nécessiter un nettoyage important avant utilisation, car certains peuvent être rouillés ou endommagés.

4.3- Les déchetteries

Les déchetteries sont des endroits où vous pouvez trouver des aciers et d’autres métaux récupérables. Beaucoup de gens y déposent des vieux outils, des machines usagées, voire des pièces de voitures anciennes.

Avantages :

• Accès facile : Vous pouvez récupérer des matériaux sans avoir à payer, surtout si vous y allez au bon moment.
• Variété de matériaux : En plus des limes et des ressorts, vous trouverez des outils de jardinage usagés.
• Écologique : C’est une manière éco-responsable de récupérer des matériaux et de leur donner une nouvelle vie.

Comment s’y prendre :

• Visite régulière : Allez fréquemment à la déchetterie pour repérer les matériaux qui arrivent. Les gens déposent souvent des objets en fin de vie.
• Demander : N’hésitez pas à demander au personnel s’ils ont des objets ou matériaux métalliques spécifiques à donner. Certains acceptent même de vous vendre des matériaux à bas prix.

Inconvénients :

• Temps et effort : Vous devrez parfois fouiller dans les bennes ou demander l’autorisation d’examiner certains matériaux.
• Refus : Certaines déchetteries refusent que des particuliers récupèrent des objets
• Disponibilité : Les matériaux de qualité ne sont pas toujours garantis.

4.4- Les brocantes et vide-greniers

Les brocantes et vide-greniers sont des lieux idéaux pour dénicher des outils anciens, des lames ou des morceaux d’acier récupérés. On y trouve des objets du quotidien, parfois vieux et usagés et parfois des trésors.

Avantages :

• Vous pouvez y trouver des outils de jardinage, des limes, des pelles ou des haches anciennes.
• Les prix sont souvent très abordables et négociables.

Comment s’y prendre :

• Chiner : Cherchez spécifiquement des outils fabriqués en acier carbone.
• Discussions : Discutez avec les vendeurs, cela pourrait vous permettre de trouver des bons plans.

Inconvénients :

• Ce n’est pas un lieu où vous trouverez toujours du métal en grande quantité. La qualité et la variété des objets varient d’un vide-grenier à l’autre.
• Il faut parfois être patient, car ces événements sont souvent rares ou saisonniers.

4.5- Les entreprises de récupération de ferraille

Enfin, De nombreuses entreprises de recyclage ou de ferraillerie collectent des métaux. Certaines proposent des matériaux récupérés à la vente, y compris des barres d’acier ou des morceaux de métal qu’elles trient.

Avantages :

• Ces entreprises récupèrent une grande quantité de matériaux métalliques provenant de sources variées (outils, pièces de machines, équipements industriels).
• Elles peuvent vendre des matériaux en grande quantité, parfaits pour les projets à plus grande échelle.

Comment s’y prendre :

• Contactez-les directement pour demander s’ils ont des métaux spécifiques à vendre, ou visitez-les en personne pour voir leur stock.
• Vous pouvez aussi consulter leurs annonces en ligne ou leurs ventes aux enchères.

Inconvénients :

• Ces matériaux peuvent ne pas être triés spécifiquement pour la forge et peuvent nécessiter beaucoup de nettoyage.
• Parfois, les prix peuvent varier en fonction des quantités et de la qualité des matériaux.